Née il y a 30 ans (*) en même temps que l’obligation de boucler la ceinture à l’arrière, la limitation de vitesse à 30 km/h en ville redevient nettement tendance. A cela, rien que de bonnes raisons. Celle qui garantit des conditions de déplacement satisfaisantes pour tous, y compris pour les usagers les plus vulnérables, enfants, seniors, personnes à mobilité réduite, même de façon temporaire (pour une jambe cassée, par exemple, ou avec une poussette encombrante)… Celle qui préserve la qualité de la vie et la tranquillité. Celle qui favorise une mobilité sécurisée.
Dès l’origine, des “zones 30” peuvent être aménagées, avec entrées et sorties signalées par un panneau réglementaire. Sans priorité aux piétons, elles sont fondées sur la cohabitation entre usagers, rendue possible par la vitesse homogène des véhicules motorisés, jamais au-delà de 30 km/h.
Aujourd’hui, la zone 30 a atteint sa pleine maturité. Un marquage au sol “Zone 30” complète ou remplace, selon les cas, les panneaux. Et elle ne se cantonne plus seulement à un simple carrefour de rues commerçantes, aux quartiers résidentiels, aux voies longeant les écoles, à l’hyper centre plutôt touristique… Désormais, elle est rejointe et complétée par d’autres aménagements : l’aire piétonne qui ne fait que tolérer les véhicules motorisés, le plus souvent au pas ; la zone de rencontre qui privilégie « la mixité des usages », impose la vitesse de 20 km/h et repose sur le principe de prudence selon lequel l’usager le moins vulnérable doit faire preuve de vigilance à l’égard du plus fragile…
De la zone 30 à la ville 30
L’objectif est toujours d’accueillir les modes de déplacement doux (marche, vélo, trottinette…), favoriser une circulation apaisée et le partage de l’espace public.
Mieux ! Ici ou là, en France comme chez nos voisins européens, la zone 30 laisse parfois place à la ville 30. Après les pionniers comme Grenoble, Nantes vient de franchir le pas à la rentrée 2020. Et, pour ne citer qu’elles, c’est aussi le choix qu’ont fait l’an dernier Lille, Bègles, près de Bordeaux, ou la petite ville de Plailly dans l’Oise.
En Europe, Bruxelles, Madrid, Milan et tant d’autres, optent résolument pour la vitesse à 30 km/h dans la quasi-totalité des voies urbaines. Après le Pays de Galle, par exemple, c’est l’Espagne tout dernièrement qui ouvre la voie à une réglementation de portée générale en instaurant la vitesse de 30 km/h en ville lorsqu’il y a une seule voie par sens de circulation.
Et si multiplier les aménagements qui induisent des vitesses modérées dans les communes françaises permettait d’inverser la courbe de la mortalité en agglomération, en hausse de 8% (soit 74 personnes tuées de plus) entre 2018 et 2019 ?
(*) par décret du 29 novembre 1990 pour une entrée en vigueur le 1er décembre 1990.
A lire – Le guide Aménager des rues apaisées, édité par le Cerema
A consulter – La rubrique zone 30 du site du Cerema et le site ville30
30 km/h dans la ville, un peu d’histoire
C’est la modulation de la vitesse en ville qui entre en vigueur en France le 1er décembre 1990.
La limitation générale est désormais fixée à 50 km/h (au lieu de 60). Et dans le même temps les maires ont aussi la possibilité de relever la vitesse à 70 km/h sur les voies rapides, en général en périphérie, et de l’abaisser à 30 km/h notamment dans les quartiers résidentiels.
Les véhicules sont ainsi invités à circuler à 30 km/h dans ce qui devient des zones 30, des espaces publics partagés entre différentes catégories d’usagers, y compris les plus vulnérables (enfants, seniors, piétons, cyclistes…).
L’idée de réduire la vitesse dans les quartiers résidentiels vient des Pays-Bas qui la testent avec succès dès la fin des années 1970. Elle s’intègre d’emblée au programme « Ville plus sure, quartiers sans accidents » mené dans les années 1980 avec le Certu (devenu le Cerema) pour concilier qualité de vie en ville et sécurité. Ensuite la zone 30 évoluant au fil des ans, fait pleinement partie du Code de la rue initié en 2008 puis du Plan d’actions pour les mobilités actives (Pama) mis en œuvre en 2015.
Passée la première décennie du nouveau millénaire, l’une des premières initiatives citoyennes européennes revendique la limitation à 30 km/h pour réhabiliter la ville comme un lieu de vie et d’échanges. Jusqu’à la très récente Déclaration de Stockholm en février 2019 qui rassemblaient les représentants de gouvernements du monde entier, les institutions de l’Union européenne (Parlement, Commission) encouragent l’aménagement de zones 30 urbaines, voire les villes 30, dans toute l’UE.