Coussin berlinois : ce qu’il faut savoir avant de l’installer

Cet équipement est l’un des plus communs en matière de sécurité routière, pourtant, bien qu’il soit répandu pour sa simplicité d’installation, de nombreux paramètres sont à prendre en compte, au risque d’une accidentalité augmentée…


Le coussin berlinois, est, comme son nom l’indique, une invention qui nous vient d’Allemagne et qui a été introduite sur les routes de France au début des années 2000. Il est considéré comme une infrastructure de type dos-d’âne et appartient à la catégorie des ralentisseurs.

Il en existe deux types : le coussin berlinois enrobé, dit lyonnais, qui est fait de béton et parfois d’autres matériaux, et le coussin berlinois amovible en caoutchouc. Il est installé dans et aux abords des villes, généralement sur des voies limitées à 30km/h afin de contraindre le ralentissement des véhicules mais plus particulièrement celui des voitures.

En effet, il ne recouvre qu’une partie de la chaussée et est conçu de manière a être évité sur la droite par les deux-roues et vélos. Pour les poids lourds, la largeur du véhicule permet d’amoindrir considérablement les secousses et la zone de contact avec le coussin.

Coussin Berlinois enrobé – Ville Prudente de Gif-sur-Yvette
Coussin berlinois amovible – Ville Prudente de Soisy-sous-Montmorency

Un aménagement idéal ?

C’est un aménagement assez commun en milieu urbain et presque omniprésent au sein de la communauté des Villes Prudentes pour différentes raisons. La première est sa facilité d’installation, il faut simplement le poser et le fixer. Ensuite, il représente un coût raisonnable par rapport aux autres types de ralentisseurs, tout en gardant la même efficacité. Et enfin, même lorsqu’il est enrobé, la durée d’installation et les travaux requis sont très raisonnables.

Voici par ailleurs un comparatif des coussins berlinois et des ralentisseurs.

Coussins berlinoisRalentisseurs
Matériauxcaoutchouc recyclé : plus doux pour les véhicules, souple et résistantMatériaux lourds : contact brute avec les véhicules, pollue les sols
InstallationSoit simplement fixé, soit enrobé : requiert des travaux précis mais réalisablesBeaucoup de main d’œuvre, de finition et de temps de travaux
Nuisances sonoresPrésentes mais limitées, d’autant plus lorsqu’enrobéMatériau rigide, donc plus de secousses et plus de nuisances sonores
AccessibilitéEst évitable par les deux-roues et les poids lourds (transports en commun et véhicules de pompiers ne sont pas ralentis par exemple)Demande à tous les véhicules de s’arrêter quasiment complètement pour éviter des dommages
EntretienAmovible et remplaçable facilement, mais requiert un entretien “régulier”Plus grande longévité mais s’abime également et difficile à entretenir car imposant et indéplaçable
PrixPeu coûteux, autant en installation qu’en entretienPlus coûteux et leur installation nécessite souvent une circulation alternée, voire une déviation
Comparatif coussins berlinois/ralentisseurs

Bien qu’il présente tous ces aspects positifs, le coussin berlinois n’a pas fait l’unanimité en France après son introduction dans les villes.

Il représente principalement voire exclusivement un danger pour les cyclistes, mais surtout les motards qui perdent parfois leur adhésion sur le dispositif à cause du caoutchouc abimé par le temps et mal entretenu. Les riverains eux-aussi se sont plaints du bruit causé par ces installations parfois mal fixées, provoquant des vibrations et des frottements audibles jusque dans les habitations.

À savoir qu’un coussin enrobé provoquera bien moins de nuisances sonores et coûtent en moyenne 10% moins cher qu’un coussin amovible d’après une étude réalisée par le laboratoire Régional de Strasbourg de la Direction territoriale Est du Cerema.

Une mise en œuvre réglementée

En France, les coussins berlinois n’ont jamais été évalués ni étudiés officiellement par l’État et ne font donc pas l’objet d’une réglementation légale dans leur installation.

Toutefois, des recommandations ont été établis et mis à jour dernièrement en 2010 par la CERTU (désormais fusionnée avec le CEREMA) afin d’établir des normes obligatoires pour

“toute personne réputée compétente professionnellement (services techniques de l’État ou des collectivités territoriales, bureau d’études, maître d’œuvre et entreprises), y compris dans le cadre de son devoir de conseil. Le cas échéant, tout praticien peut donc être amené à justifier (y compris devant les juridictions) les raisons pour lesquelles il n’a pas respecté l’état de l’art. A contrario, le maître d’ouvrage (par exemple le maire d’une commune) n’est pas tenu par l’état de l’art, qu’il n’est pas réputé connaître. Sa responsabilité peut toutefois être engagée s’il a sciemment refusé de suivre les conseils d’une personne compétente y faisant référence”.

Le document complet est disponible sur le site du CEREMA en libre accès.

Quelques conseils essentiels

Ville Prudente de Port-Vendres

Le respect de ces normes est primordial et doit former la base de la mise en place des coussins berlinois qui sont parfois problématiques à cause des communes qui n’ont pas appliquées ces dites recommandations.

Parmi elles, il y a notamment le problème d’adhésion des pneus sur le caoutchouc du coussin berlinois amovible, qui a été étudié dans le document du CERTU et qui a donc établi une norme exigeant “un coefficient SRT de 0.45 en glissance humide minimum” garantissant la sécurité des deux-roues en particulier, bien qu’ils soient sensés éviter le dispositif en théorie. En d’autres termes le coefficient SRT évalue la glissance d’une surface, et assure donc que tout véhicule homologué, respectant les limitations, ne risquera pas de perdre son adhérence sur le dispositif.

Bien heureusement, la grande majorité des sites qui mettent en vente des produits destinés à la voirie, propose désormais des coussins berlinois conformes aux recommandations du CEREMA/CERTU et le renseigne sur leur page. Il y a également des conditions à respecter pour que le coussin berlinois ne soit pas un potentiel danger pour les usagers. Tout d’abord il est préférable de les placer sur des routes ayant un trafic faible ou modéré afin de ne pas surcharger la plateforme et diminuer les risques d’accident.

Il faut rigoureusement étudier la zone d’implantation en amont à l’aide des recommandations pour ne pas transformer cette zone en potentiel lieu accidentogène.

On peut notamment mentionner certaines installations aux débuts des années 2000 qui se trouvaient directement aux sorties de virages causant de nombreux accidents du côté des deux roues et n’étant ni fixés ni entretenus correctement.

“Sans ce dispositif à la sortie d’un virage en descente, je ne serais pas tombé” explique un motard accidenté en 2018 sur la page web de TF1

Le coussin peut être installé sur une voie limitée à 50km/h mais doit être pourvu d’une pré-signalisation, sinon, sur les voies à 30km/h, l’affichage du panneau C27 est facultatif.

Le plein potentiel

Lorsque le dispositif respecte les normes instaurées par la CERTU/CEREMA, alors son efficacité atteint son plein potentiel. Ce mobilier urbain représentera une contrainte physique qui, non seulement fera baisser la vitesse à 20km/h en moyenne dans la zone où il est situé, mais fera également office de rappelle pour les automobilistes qu’il faut garder une vigilance accrue car ils sont potentiellement dans une zone de danger.

Ils permettent notamment, lorsqu’ils sont disposés dans le respect des distances, de sécuriser la traversée des piétons en forçant le ralentissement des véhicules, et de manière générale, d’abaisser la vitesse moyenne afin que les automobilistes puissent anticiper les différents dangers présents dans la zone.

Ville prudente de Levallois-Perret

Plus globalement, le coussin berlinois n’a pas pour but de diminuer drastiquement la vitesse des véhicules mais de fluidifier la circulation tout en faisant respecter les limitations.

C’est un élément de voirie quasiment indispensable dans l’écosystème du mobilier urbain qui doit fonctionner de concert avec les autres infrastructures pour optimiser son efficacité. L’analyse du terrain et le soin sont de mise afin de respecter les normes mais aussi pour appuyer les autres équipements.