Colloque Ville Prudente au Palais du Luxembourg : la puissance des villes

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Table ronde sur la vitesse, l’exemple des Villes prudentes : De g.à dr. Vincent Netti Adjoint au maire de Port Vendres, Patrick Attard, adjoint au maire de Rungis en charge de la sécurité, Emmanuel Lion, adjoint au maire de Versailles délégué aux mobilités, Stéphane Maire, adjoint au maire de Meylan délégué à la jeunesse et à la tranquillité publique, Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention Routière

Notre colloque annuel Ville Prudente avait lieu le 13 avril 2024 au Palais du Luxembourg (à l’invitation du sénateur Antoine Lefèvre), avec pour question centrale « comment améliorer l’acceptabilité des limitations de vitesses ? ». Interventions, chiffres, témoignages de réussites et d’initiatives originales amènent à la même conclusion : tout part de la commune.

Bonne nouvelle, pour ouvrir ce colloque : les radars ont vraiment un effet sur le nombre de morts sur les routes. En 20 ans, il est tombé de 7 000 à une moyenne de 3 000 (chiffre évoqué par Sylvain Charollais, d’Idémia Group, nouveau partenaire de Ville Prudente).

3 modèles européens en vitesse basse

La lenteur prend de l’ampleur. C’est ce qu’a d’abord montré l’intervention de Valentina Orioli, conseillère municipale de Bologne. La ville a choqué l’Italie en généralisant sa limitation à 30 km/h (notamment le gouvernement, d’un bord politique opposé, et qui n’appuie pas la mesure). Mais les bienfaits sont indiscutables : améliorations de la sécurité, de l’équilibre et du partage de l’espace routier, de la qualité environnementale (air et bruit), avec des statistiques encourageantes (mais encore insuffisantes) sur la réduction des accidents.

Autre approche en Espagne, présentée par Cristina Roderas (conseillère nationale à la Direction Générale du Trafic). La demande, partie des communes, a été entendue par le gouvernement central. Celui-ci a créé le cadre juridique national pour aider les municipalités à prendre leurs mesures de régulation. Depuis, les villes se redessinent complètement, à l’image de Barcelone et ses « super-îlots » qui reposent des places de vie sociale et de rencontre en plein cœur de l’espace urbain.

L’exemple de Bruxelles, enfin, a montré qu’une ville très marquée par l’usage professionnel de la voiture peut se défaire de ses habitudes. Le message de Graziella Jost (Conseil européen de la Sécurité routière) aux communes : « n’attendez pas de changer vos infrastructures pour diminuer la vitesse » ! Communiquer haut et fort, puis changer la ville par étapes : un bon moyen d’aider les usagers à comprendre le plan de mobilité urbaine pour mieux le respecter.

Et l’acceptabilité en France ?

Si 65% des usagers en France associent vitesse et danger, 74% trouvent encore difficile d’adapter leur vitesse à 30 km/h. Aux villes de trouver des parades pour faire passer la pilule. Miser sur le long terme, faire de la pédagogie dès l’école pour essaimer grâce aux enfants, imposer l’uniforme policier dans les rues, les témoignages ont affiché la variété et la réussite des stratégies déployées.