En deux mots :
- depuis des années, l’association Prévention Routière organise l’opération Lumière et Vision : la moitié des piétons victimes d’accidents le sont en hiver, quand la luminosité baisse !
- longtemps, il s’est agi surtout d’aider les automobilistes à bien régler leur feux
- désormais, il s’agit aussi de promouvoir une vision globale de la visibilité (voir et être vu) pour des cibles de plus en plus larges (enfants, seniors, cyclistes, professionnels, etc.)
- les Villes labellisées Ville ou Village prudent rejoignent de plus en plus l’opération
Pendant les mois d’automne et d’hiver, lorsque la visibilité se réduit, le risque d’accident augmente, autant en ville que sur les routes. Tout particulièrement à l’approche du changement d’heure.
Le passage à l’heure d’hiver, qui a lieu le dernier dimanche d’octobre, entraîne une diminution des heures de lumière en fin de journée. Cela coïncide souvent avec les heures de pointe des trajets domicile-travail, augmentant ainsi le risque d’accidents, notamment pour les piétons.
Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), sur la période 2017 à 2023, 48% des piétons gravement blessés sur la route et 50% des piétons tués l’ont été sur les 5 mois d’octobre à février. – d’après les données mensuelles de l’ONISR.
Ces statistiques confirment d’année en année que la variable “visibilité” est importante pour l’accidentalité : déjà l’ONISR pointait en 2020 l’augmentation de 42 % des accidents impliquant des piétons… pendant l’heure de pointe du soir (17h-19h), et ce en novembre par rapport à octobre !
La moitié des piétons victimes d’accidents le sont dans cette période de l’année !
Les Français ne s’y trompent pas. Quand on étudie leur perception des choses, ils associent les situations les plus dangereuses à la faible visibilité des piétons (67%), à celle des trottinettes et vélos (65%) et à l’éblouissement dû aux phares mal réglés sur les véhicules (62%) – sondage Opinion way pour l’association Prévention Routière réalisé en 2022 auprès de 1039 Français.
Parmi les temps forts de l’association Prévention Routière, l’opération “Lumière et Vision” occupe donc une place particulière. Lancée il y a plusieurs décennies, cette campagne emblématique a su évoluer au fil du temps pour s’adapter aux nouveaux enjeux de la sécurité routière. Et cela, tout en conservant son objectif premier : sensibiliser les usagers de la route à l’importance vitale de voir et d’être vu.
L’opération se déroule donc forcément pendant les mois d’octobre et novembre ; période critique en raison du changement d’heure et de la baisse de luminosité.
Origines de Lumière et Vision
L’opération Lumière et Vision a vu le jour dans les années 1960, à une époque où la sécurité routière commençait à devenir une préoccupation majeure en France. Face à l’augmentation du nombre de véhicules en circulation et à la recrudescence des accidents, notamment la nuit, l’association Prévention Routière a décidé de lancer une campagne nationale axée sur la visibilité. Le Code de la route stipule en effet clairement l’obligation pour tous les usagers de la route d’être visibles.
L’opération se concentrait surtout sur la sensibilisation des automobilistes et la vérification des feux de leurs véhicules. Des barnums étaient installés dans de nombreuses villes de France, équipés d’installations techniques permettant de vérifier et régler gratuitement l’éclairage des véhicules. L’objectif était double : s’assurer que les conducteurs puissent bien voir la route et les autres usagers, mais aussi qu’ils soient correctement visibles sans pour autant éblouir les autres automobilistes.
Cela répondait à un besoin réel. A l’époque, les systèmes d’éclairage des véhicules étaient moins fiables et plus sujets aux déréglages qu’aujourd’hui. De nombreux conducteurs circulaient sans s’en rendre compte avec des phares mal réglés. Cela augmentait les risques d’accidents, en particulier dans les mois d’automne et d’hiver où la luminosité naturelle diminue.
Les phares et l’évolution des technologies d’éclairage sur les véhicules
Les systèmes d’éclairage des véhicules sont devenus depuis plus performants, les études le confirment. Le réglage des phares, autrefois relativement simple, est désormais une opération technique qui requiert souvent l’intervention d’un professionnel.
Cette évolution technologique a eu un impact significatif sur l’opération Lumière et Vision. Si les contrôles techniques des feux des véhicules restent un élément important de l’opération, l’accent est désormais mis davantage sur la sensibilisation des usagers à l’importance de faire vérifier régulièrement leurs équipements d’éclairage par des professionnels. Il est également mis désormais, sur la sensibilisation de nouveaux usagers de la route qui doivent eux aussi bien voir et être vus : cyclistes, utilisateurs de trottinettes, rollers, etc.
Chacun de ces usagers a des besoins spécifiques en termes de visibilité, et l’opération Lumière et Vision s’est adaptée pour y répondre.
Les piétons, usagers vulnérables sur les passages
Une attention particulière est portée aux piétons, usagers très vulnérables lorsque la visibilité est réduite. La campagne met l’accent sur l’importance des équipements rétro-réfléchissants, notamment pour les enfants. Tout particulièrement sur le trajet “maison-école”.
Des actions de sensibilisation sont menées dans les écoles, avec par exemple la distribution de bandes rétro-réfléchissantes à apposer sur les cartables ou les vêtements. Les piétons sont encouragés à porter des vêtements clairs ou des accessoires réfléchissants, surtout la nuit ou par mauvais temps.
L’opération insiste aussi sur l’importance de traverser aux passages piétons et de s’assurer d’être vu avant de s’engager sur la chaussée.
Les cyclistes et les nouveaux modes de déplacement
Pour les cyclistes, Lumière et Vision rappelle les équipements obligatoires en termes de visibilité : catadioptres sur les pédales, catadioptre central, éclairage avant et arrière. Elle va même recommander des équipements supplémentaires comme le gilet rétro-réfléchissant ou les bandes rétro-réfléchissantes sur le casque.
En 2017, par exemple : l’association Prévention Routière, l’AsnaV (Association nationale pour l’amélioration de la Vue) et Radio VINCI Autoroutes s’étaient associés pour proposer des chroniques radio sur 107.7 Radio VINCI Autoroutes et diffuser des conseils sur les réseaux sociaux, dont YouTube.
Une approche globale de la visibilité : se poser une question vitale
Au-delà des équipements, l’opération Lumière et Vision pose la question de la visibilité de manière plus globale. L’association s’est donc très vite associée à des partenaires dont l’objectif était de sensibiliser différents publics à vérifier leur vue. En 2002, par exemple, l’opération était promue sur le portail internet des décideurs l’optique.
Le sujet ne se limite pas aux usagers de la route, mais doit aussi prendre en compte l’environnement dans lequel ils évoluent. Pour les collectivités, il s’agit bien sûr d’améliorer la visibilité sur les voies de circulation, notamment par un meilleur éclairage des zones à risque et une signalisation claire et bien visible. Le sujet a été étudié lors des colloques au Palais du Luxembourg, à l’invitation du sénateur Antoine Lefèvre et réservés aux communes labellisées Ville Prudente ou Village Prudent, lorsque l’actualité a mis en évidence les enjeux d’économie d’électricité en réduisant l’éclairage public.
Quelles solutions pour concilier les deux objectifs ?
Une attention particulière doit par exemple être portée aux passages piétons, qui doivent de toute évidence être bien éclairés et clairement signalés pour assurer la sécurité des piétons. L’éclairage peut être mis en fonctionnement par des cellules photo-sensibles dès qu’approchent des piétons. De même, les pistes cyclables doivent être conçues de manière à garantir une bonne visibilité des cyclistes, notamment aux intersections.
L’implication des collectivités locales dans cette démarche
Les communes labellisées “Ville Prudente” ou “Village Prudent” peuvent aussi jouer un rôle très important dans la diffusion des messages de prévention.
Ces collectivités peuvent s’associer en organisant, avec l’association Prévention Routière des actions de sensibilisation auprès de leurs administrés : stands d’information, distribution de matériel réfléchissant, ateliers de vérification des équipements pour les cyclistes, etc.
Voici, par exemple, la liste des communes labellisées qui accueillent en 2024 une opération Lumière et Vision de l’association Prévention Routière.
Roanne | Yenne | Royat | Coudes |
Loudéac | Bû | Berre l’Etang | Bracieux |
Ingré | Le Rheu | Saint-Maur | Reims |
Pérenchies | Le Plessis-Belleville | Roquetoire | Fleurbaix |
Vitry-en-Artois | Rungis | Claye-Souilly | Verneuil s/Seine |
Morangis | Le Plessis-Robinson | Caen | Coutances |
Flers | Montmartin-sur-Mer | Bordeaux | Cambo-les-Bains |
Bègles | Limoges | Ruelle-sur-Touvre | Cahors |
Carcassonne | Toulouse | Antibes | Avignon |
Lumière et Vision, la course
L’un des défis majeurs, est de toucher les usagers qui utilisent les nouveaux modes de déplacement comme les trottinettes électriques. Utilisateurs d’EDPM (engins de déplacement personnel motorisé), seniors, professionnels de la route : pour renouveler l’intérêt de ces publics aux campagnes Lumière et Vision, et en booster auprès d’eux la notoriété, l’association a initié, il y a trois ans une course à Paris, à l’approche de l’automne.
Règle du jeu : gagner le maximum de points en répondant aux questions sur la sécurité sur les stands placés tout au long de la course. Une course qui se fait en marchant, en courant, à vélo, à rollers et que l’on peut pratiquer en famille, entre amis, dans une ambiance très sympathique.
L’opération a connu un grand succès, avec de plus en plus de participants, depuis sa première édition.
En 2024, pour la première fois, la course traversait le jardin des Tuileries.